Coronavirus. Shanghai, 27 millions d’habitants, est devenue silencieuse et déserte

Par notre envoyée spéciale, Ophélie Lombard, PFC 4 ICD Toulouse

L’épidémie de Coronavirus prend de l’ampleur dès le début des vacances du Nouvel An chinois. Des mesures de protection dans les gares et aéroports sont mises en place. Ma famille et moi avions annulé notre séjour à Chengdu et décidé de rester à Shanghai.

Plus les jours passent, plus la psychose est grande. On comprend très vite que la Chine va « s’arrêter » après le Nouvel An chinois. Seuls  les commerces alimentaires restent ouverts avec des horaires réduits.

Peu de temps après, certaines familles décident de rentrer en France, parfois rapatriées par leurs entreprises. Pour nous, n’ayant reçu aucune consigne de l’entreprise de mon père, nous décidons de rester sur place. Et, ceux qui choisissent de rester sont confiants. 

La vie s’organise petit a petit. La première semaine se passe bien, il y encore des restaurants ouverts midi et soirs et on passe du bon temps avec les amis. Mais quand on nous annonce que les écoles ne vont pas ré-ouvrir comme prévu le 3 février et que les bureaux vont également rester fermés, on espère secrètement que cela sera de courte durée… 

Les professeurs mettent en place une solution de e-learning quotidienne afin de nous permettre de continuer à avancer dans notre programme. Notre appartement se transforme donc en école et bureau. Point positif, les enseignants préparent très bien le programme à suivre à la maison.

On se retrouve donc à quatre, les uns sur les autres, à devoir nous organiser pour travailler tant bien que mal. Cela est très difficile, d’autant que les sorties sont de plus en plus limitées car les derniers endroits ouverts ferment aussi. Heureusement, l’approvisionnement alimentaire reste assuré et on se console en se faisant des bons repas. Mais les discussions reviennent inlassablement à la question « Que fait-on ? Faut-il partir ou rester ? ».

Un avantage dans tout cela, nous profitons d’un Shanghai non pollué ! On a la chance d’avoir un parc dans notre résidence où l’on peut se promener un peu. Au fil des semaines, de nouvelles habitudes s’installent et on essaie de garder une vie sociale active pour éviter de se morfondre.

Au sein de chaque résidence, afin de se protéger d’une éventuelle contamination, les entrées sont extrêmement contrôlées :

  • les kuaidi (livraisons) sont déposées dans des chapiteaux à l’entrée avec interdiction aux livreurs d’entrer dans la résidence.
  • Les non-résidents sont interdits d’entrés, ou doivent se soumettre à une prise de température et remplir un questionnaire au sujet de leurs récents déplacements en Chine, leurs passeports, numéros de téléphone… 
  • le port du masque est obligatoire pour tous et partout. 
  • face à la pénurie de masques dans les pharmacies, un rationnement est mis en place par le management des résidences qui appel un appartement après l’autre pour récupérer les masques.
  • la prise de température à l’entrée de n’importe quel café ou commerce se généralise. 

Nos familles et amis prennent régulièrement de nos nouvelles, on se veut rassurant et on rationnalise les extrapolations des médias français. Mais on tente de garder la tête froide et de ne pas céder à la panique. Pour cela, face aux statistiques, on relativise sur les réels risques sanitaires à Shanghai.

Dans la ville, il y a de nouvelles mesures de prévention tous les jours, relayées grâce aux différents groupes wechat.

  • La liste des endroits ouverts est actualisée régulièrement.
  • La livraison à domicile est mieux assurée et on peut se faire livrer facilement depuis plusieurs restaurants.
  • Un médecin français réalise avec l’UFE un point quotidien très complet et rassurant.

Déambuler dans cette ville déserte d’habitude si animée est pesant, jusqu’à nous faire ressentir une atmosphère apocalyptique.Les rues sont vides. Peu de piétons, de scooters, de voitures. La plupart des commerçants sont fermés, les centres commerciaux sont déserts. 

Beaucoup d’interrogations demeurent :

  • Quand l’école va t’elle reprendre ?
  • Comment la situation va-t-elle évoluer?
  • Quand la vie va-t-elle reprendre son cours ?

Bien sûr, on veut rester confiant et on se concentre sur le côté positif de cette situation imposée qui nous fait partager de bons moments en famille et nous apprend également la patience.

La situation évolue enfin dans le bon sens. Après 6 semaines de cette vie en vase clos, les statistiques de nouveaux cas et de mort diminues jusqu’à afficher aucun nouveaux cas sur Shanghai depuis plusieurs jours. 

J’ai donc décidé de sortir me promener seule hors de ma résidence pour me détacher de cette vie « les uns sur les autres ». A ma grande surprise, les banques ont enfin réouvert ainsi que des petits restaurants « de rue » se voient accueillir des clients !

Une semaine plus tard, de plus en plus de personnes sortent se promener, travailler, faire leurs courses. De plus en plus de commerces ouvres (coiffeurs, centre commerciaux, marchés de fruits et légumes…). Il n’y a toujours pas foule dans les rues et places publiques, mais il y a enfin de la vie … vivement la reprise des écoles !

Ophélie LOMBARD

Étudiante en PFC 4

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