“Vraiment, un coca ? Même pas une vodka ?” Anaïs n’aime pas les boissons alcoolisées. Elle raconte la pression qu’elle subit de la part de ses amis, qui tentent de lui faire consommer de l’alcool en soirée. Le Plus a repris son témoignage.
Une soirée entre amis, illustration. (Daniel Duart/Sipa)
Je ne bois pas d’alcool. Enfin, pas vraiment. Je ne suis pas contre un Mojito bien arrangé ou un petit pastis de temps en temps, mais je n’aime pas du tout le goût de l’alcool. Bière, vin, liqueur… Ça ne m’émoustille vraiment pas les papilles.
En soi, je n’ai aucun problème avec ça. Mais je commence à en avoir marre de devoir constamment me trouver des excuses. Aujourd’hui, dans ma vie, peu de situations “festives” (aller boire un verre en terrasse, apéro, soirée…) sont dépourvues de mes justifications :
“Non, je ne bois pas, un coca s’il te plaît”
“Non, je n’aime pas le goût de l’alcool”
“Non pas même la vodka” (s’en suit une liste d’environ 10 questions concernant divers types d’alcool)
“Si parfois je bois un Mojito” (“Ah, quand même !”)
“Non, je préfère boire un coca, VRAIMENT.”
Qu’est ce que ça peut vous faire ?
Je suis arrivée à saturation. Je tiens donc à poser cette question à mon entourage : qu’est ce que ça peut vous faire que je ne boive pas d’alcool ? Est-ce que je vous prends la tête en soirée à analyser les fonds de vos verres en vous demandant ce que c’est ? Est-ce que je me permets de juger votre comportement une fois que vous êtes alcoolisés ?
Non. Alors pourquoi vous sentez-vous obligés de me forcer à boire, soit-disant pour que je passe une bonne soirée ? Je ne suis pas “funky” là ?
Ne pas boire en soirée, c’est l’histoire de ma vie. Et merci de vous en préoccuper, mais ne vous inquiétez pas pour moi, je passe de très bons moments. Sinon je ne serais pas là, donc tout va bien.
Des fois, je cède pour faire plaisir aux autres
Oui, parfois, je suis un peu atterrée quand je vois tous ces gens ivres qui ne peuvent pas profiter d’une bonne soirée sans être complètement à l’ouest.
De ceux qui titubent aux gros lourds, en passant par les yeux hagards, en effet, je vois tout. Et alors ? Est-ce que pour autant à chaque soirée je vais voir mes amis pour leur dire “Non, ne prends pas de bière, prends un coca !” ; “Ah du vin, encore ? Oh t’es vraiment pas ‘funky’ hein !”,”Sérieux un cocktail ? Bichette ce soir c’est festif, on s’ambiance, prends un Schweppes-agrumes !” Non.
Et pourtant, je ne suis jamais tranquille. Je dois sans cesse me justifier, raconter le pourquoi du comment, glisser que si, quand-même, j’ai déjà été bourrée. Comme pour laver mon honneur.
Parfois, je dois céder, sinon ça ne s’arrête plus. Oui, OK un verre, pour te faire plaisir. Mais moi ? Moi, ça ne me fait pas plaisir. Le seul plaisir que j’en retire, c’est que tu arrêtes d’être sur mon dos.
Imaginez qu’on veuille vous troquer votre bière contre un Ice tea
En quel honneur le fait de ne pas boire fait de moi une personne ennuyeuse ? Au contraire, je suis toujours de bonne humeur, bon public et vraiment pas compliquée. Laissez les gens être ce qu’ils sont sans chercher à les forcer.
Et puis, s’il m’arrive – rarement, je le concède – de boire un verre d’alcool de manière spontanée, n’y allez pas de vos “Oh la la ! Tu bois ?”; “T’aimes bien ?” ; “Alors, c’est cool hein?” Je ne vous fais pas un “high five” et une danse de la joie chaque fois que vous commandez une limonade.
Si des personnes, dans votre entourage, ne boivent pas d’alcool, pitié, laissez les tranquilles. Inversez la situation et imaginez que toute la soirée, vous avez quelqu’un à vos basques qui vous serine pour que vous troquiez votre bière contre un Ice tea. Ce serait un peu lourd, je peux vous le garantir.
Ne pas boire ou ne pas être ivre tous les week-ends ne veut pas dire que nous ne sommes pas des gens sympas, sociables et surtout libres de faire ce que l’on veut. Et cela ne devrait pas être une tare.
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